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Une opposition faible et contradictoire en Israël

L'opposition en Israël est faible, contradictoire et inlassablement tentée par des alliances opportunistes avec Netanyahu. Un Parti travailliste déchu, Yesh Atid colonialiste, Ra'am sans boussole, des communistes pragmatiques/réprimés.


Après un an d'instabilité gouvernementale, les dernières élections législatives de 2022 ont donné une majorité au camp Netanyahu. Il faut noter que la question de la colonisation n'a pas vraiment été un enjeu de ces élections, centrées sur l'économie et la corruption.


Il y a deux oppositions en Israël. Il y a celle qui soutient dans une volonté "d'Union nationale" le gouvernement Netanyahu (Yesh Atid, Israël Beytenou, le Parti travailliste), et celle qui reste dans l'opposition sans soutien (Ra'am, Hadash-Ta'al/communistes/alliés). Le Parti de l'Unité nationale vient de quitter les rangs de toute opposition cette année, afin d'entrer dans le gouvernement. Il est 8tenu par Benny Gantz. Cet ancien Chef d'état-major a déjà été un éphémère Premier ministre dans un gouv d'alternance avec Netanyahu en 2020.


Commençons par l'opposition qui soutient le gouvernement Netanyahu. Yesh Lapid est un parti de droite, dirigé par Yaïr Lapid, éphémère Premier ministre dans un Front hétéroclite anti-Netanyahu en 2021. Il soutient pleinement la colonisation israélienne. De juin 2021 à décembre 2022, un gouvernement Lapid-Bennett de l'opposition se forme pour renverser Netanyahu. Bennett est un ancien ministre de Netanyahu (Défense, Éducation..), qui s'était illustré par ses coupes de budget, sa chasse des ONG critiquant la colonisation.


Israël Beytenou est une démonstration de l'effet de l'immigration russe fin des années 80 en Israël. Cette immigration a bien porté le Parti travailliste au pouvoir en 92, abordant leur difficulté économique. Le Likoud n'avait pas réussi à cerner cet électorat peu religieux. La communauté russe d'Israël était finalement pas vraiment sensible aux idées de gauche, ni même à la paix ou la colonisation israélienne. L'homme d'affaires ultralibéral Liberman a créé le parti de droite Israël Beytenou pour "représenter les intérêts des russes d'Israël". Ministre des Affaires étrangères, de la Défense sous Netanyahu, puis Finances sous Bennett-Lapid, Liberman et son parti Israël Beytenou professent sans cesse la légitimité de la colonisation, et accuse d'antisémitisme toute décision internationale sur les territoires occupés. Il est édifiant de constater l'incohérence coupable du gouvernement Lapid-Bennett d'avoir eu Liberman au ministère des Finances en 2021, un habitué des gouv Kamida/Likoud, soutien sans faille de l'implantation coloniale et violent raciste contre les Arabes.


Le Parti travailliste est en déchéance depuis la mort de Rabin. Barak, "déception totale" pour citer Leah Rabin. Peres, vendu au Likoud en 2001. Merav Michaeli, elle-même ne sait pas sa position, son parti entre au gouv Netanyahu en 2020, elle dit qu'elle déteste ce gouv. Le Parti travailliste a concrètement amplifié la colonisation et n'a pas construit un processus de paix post-Rabin. De 2011 à 2013, la dirigeante Shelly Yachimovich assumait clairement son soutien à la colonisation. Sous Michaeli, le Parti travailliste joue l'ambiguïté.


Dans l'opposition sans soutien, il y a l'insondable parti Ra'am de Mansour Abbas. Le matin, il veut s'allier à Netanyahu pour une place au gouv, le soir, il s'oppose à la colonisation israélienne. On se dit que ce parti existe juste pour servir les intérêts de son chef. Le parti islamiste Ra'am a été prêt à s'allier à Netanyahu. La possibilité n'a même pas été écartée, c'était selon les opportunités des négociations. Son chef Abbas s'offre finalement une place de choix au gouv éphémère Lapid-Bennett, en minorant la colonisation israélienne.


La plus opposée à la colonisation israélienne et à l'idéologie Netanyahu demeure l'alliance Hadash-Ta'al, seulement 5 députés, 4% de ce Parlement. C'est un refuge de pacifistes virés du Parti travailliste, des communistes, d'anciens du Meretz de la défunte pacifiste Aloni. Hadash-Ta'al est sans doute ce qui reste du noyau des défenseurs du camp de la paix israélien, d'Olso, ce puissant mouvement des années 80/90. Il est possible de citer le soutien de Burg, ancien président de la Knesset et ostracisé du Parti travailliste pour son pacifisme. Les deux figures de Hadash-Ta'al sont le communiste Ayman Odeh d'Hadash et Ahmed Tibi de Ta'al, parti de gauche laïque et contre le racisme des Arabes. Ils sont régulièrement accusés d'être des terroristes par le gouvernement Netanyahu, menacés de mort. Ahmed Tibi est exécré par l'extrême droite israélienne. Il a été un conseiller de Yasser Arafat dans le processus de paix d'Olso, et un infatigable critique de la colonisation israélienne. Il a failli perdre son mandat à de nombreuses reprises face aux assauts du Likoud. En 2002, le député d'extrême droite Michael Kleiner porte une action contre Ahmed Tibi pour lui interdire de se déplacer dans les territoires palestiniens. Il est souvent tenté de le priver du droit de se représenter aux élections par la Commission électorale nationale. Il est complexe d'accuser Tibi d'antisémitisme pour l'extrême droite israélienne, tant son engagement est profond. Son discours devant la Knesset le 29 janvier 2010 sur la Shoah a largement ému la société israélienne, appelant aussi à cesser l'indifférence pour la Palestine. Ayman Odeh est davantage un pragmatique. Il donne certes son aval au gouvernement très bancal de Lapid en 2021. Cependant, quand Lapid laisse la place au funeste ancien ministre (de Netanyahu) Bennett du parti de droite Yamina, il retire immédiatement son soutien.


L'extrême droite Netanyahu essaye de faire taire les critiques des députés Hadash-Ta'al sur ce que l'ONU qualifie de "risque de génocide". Ainsi, le député Hadash Ofer Cassif s'est vu sanctionné par la Knesset pour avoir dénoncé le caractère fasciste du Gaza génocide. Il faut noter que les élections législatives de 2022 ont emporté dans leur sillage de nombreux partis de gauche contre l'apartheid en Israël. Tels le parti Balad d'Haneen Zoabi, en proie à un scandale de corruption, et le Meretz de Gal-On, submergé par ses conflits internes.


Les gauches israéliennes (sioniste pour deux États, ou non sioniste pour un État binational) ont été décimées post-Rabin. Pour les uns par ses contradictions, son incapacité à se différencier du Likoud, ou les autres une extrême droitisation d'#Israël, telle l'Europe.


L'abstention était à 30% en Israël en 2022. Ce n'est pas rien. En effet, les Israéliens de gauche/Arabes réclamaient une Union solide pour porter l'opposition aux lois racistes. Être contre la colonisation revient à se mettre en danger, de nombreux élus préfèrent la lâcheté.


Par Antoine Trupiano Remille

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