Les macronistes et une certaine droite complexée se précipitent pour blâmer le NFP de pas avoir formé un gouvernement commun avec la droite. Ils jugent que le NFP n'a ainsi pas à se plaindre de la nomination de Barnier et son gouvernement qui est de manière très euphémisme bien de droite.
Or, si le NFP avait fait un gouvernement avec Macron, il est fort à parier que ce dernier ne serait pas tant éloigné de celui de Scholz en Allemagne. Ce gouvernement se constitue depuis 2021 du SPD, des Verts allemands et du Parti libéral-démocrate. En d'autres termes, cela représente une coalition entre un allié du PS, un allié contradictoire d'EELV et un allié de Macron. Ne serait-ce pas ce rêve d'unité qu'on ne cesse de nous vendre au sein des médias et à la droite macroniste ? Toutefois, si on observe les détails, le SPD Scholz fut le bras-droit de Schröder, et continue son démantèlement de la santé avec la réforme Lauterbach.
In fine, les grands caps économiques du pouvoir de Merkel n'ont pas vraiment changé, lorsque la santé est encore sacrifiée. Le chancelier prévoit ainsi des coupes conséquentes dans le budget de la santé, c'est-à-dire la baisse des lits d'hospitalisation, des personnels. Il est surtout question de fermer massivement des hôpitaux. Pourtant, l'Allemagne souffre de la saturation de ses services d'urgence, d'un besoin de financement urgent, néanmoins ce n'est pas vraiment un sujet. Il paraît si étonnant qu'un dit de gauche, social-démocrate (de nom seulement) pense que la solution est de baisser le personnel, de mettre en place davantage de restrictions et des fermetures, afin de sauver le système de santé.
Cependant, sous la CDU de Merkel, les mêmes qui continuent son œuvre de destruction de la santé, fustigeaient ces politiques qui abandonnent la population, Désormais, personne au SPD et aux Verts allemands ne pointent la responsabilité des coupes budgétaires dans la santé lors des dernières décennies. Le SPD et les Verts allemands sous la direction de Scholz sont sans surprise des néolibéraux. Cela ne se différencie pas de Schröder, qui avait anéanti le droit du travail, puis entamé la casse des services publics. De sorte que cette énième trahison coûte très cher au SPD, qui s'effondre élection après élection. En effet, la population allemande rejette très largement la réforme Lauterbach, car elle vit déjà les conséquences de décennies de coupes budgétaires au coeur de la santé.
Cazeneuve n'aurait pas vraiment gouverné différemment de Scholz sur la question des services publics, car c'est exactement les politiques poursuivies sous Hollande et dont Cazeneuve a été un des plus importants défenseurs, les mettant en place à toutes les responsabilités ministérielles au cours de le quinquennat. Qu'est-ce cela aurait donné si on y ajoute le pouvoir considérable dévolue au Président dans le régime politique français, instaurant une pression sur une Cazeneuve déjà fortement acquis au néolibéralisme ? Si on y ajoute même, ce que certains proposaient à la droite du PS, c'est-à-dire des ministres issus de la droite dans un gouvernement dit de gauche ? Le gouvernement Scholz est un début de réponse en bien moins pire à cette interrogation. Quel serait ensuite l'image de la gauche en 2027, déjà bien difficilement réhabilitée post-Hollande ?
Afin de revenir en Allemagne l'extrême droite de l'AFD profite évidemment de ce reniement des prétendus de gauche et joue sur des ambiguïtés sur la question sociale. Fait loin d'être anecdotique, l'AFD s'impose aux dernières élections en Thuringe comme la plus grande force politique. C'est la région même où la droite a nommé pour la première fois un nazi au gouvernement régional. C'était Wilhelm Frick, d'ailleurs futur ministre de l'Intérieur du Reich.
Dans une autre mesure, le très flou BSW en profite aussi. Cela rebat les cartes aux élections. Dès lors, la CDU ne pourra bientôt plus s'en passer en Allemagne de l'Est, mais cela aura un peux certain, puisque le BSW semble bien décidé à imposer à la CDU de revoir son soutien à la guerre, et cela au risque de perdre des régions.
La guerre est au centre des tractations politiques.
Le gouvernement de Scholz fait un peu diversion des coupes budgétaires en invoquant qu'il prépare le système de santé à la guerre en Europe. Le gouvernement de Scholz pourrait envisager que les allemand(e)s aspirent avant tout à un bon système de santé pour vivre ?
Les allemands ont encore fait confiance au SPD pour améliorer leurs conditions de vie, marquées par les règnes du SPD Schröder et de la CDU Merkel. La gauche qui s'était reconstruite contre le néolibéralisme de Schroder, a sévèrement payé ce retournement mensonger du SPD. Pris dans ses divisions infinies, Die Linke, parti de la scission du SPD avec les communistes, ne s'est pas relevé de ses divisions, ses contradictions, et son électorat s'en est allé vers le SPD. Beaucoup ne le cache plus, ils ont revoté SPD pour si peu.
C'est une leçon à ceux qui voudraient un gouvernement avec Macron, mettre un Cazeneuve/Scholz au pouvoir, pour cette droite complexée en France. Le SPD a dirigé tel que c'est votre souhait, de droite en se proclamant de gauche, a trahi en "bon parti de la gauche de gouvernement". Tout cela amène à ce que l'extrême droite allemande soit au plus haut, pouvant récupérer ce qui reste des classes populaires déçues de la gauche.
La pâle tentative de Scholz de reprendre cet électorat, juste en misant sur une petite poussée xénophobe, va vraisemblablement conduire à finir de s'enterrer à l'égard des concerné(e)s par le racisme en Allemagne.
コメント