Soudan : le règne des armes
- contrediremedia
- 17 août
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Le Soudan vit une des plus grandes crises humanitaires du monde.
Au mépris des aspirations démocratiques et de la famine, deux militaires s'affrontent pour le pouvoir.
C'est une guerre entretenue par d'autres États pour des ressources (or), avec des équipements français.
En effet, le Soudan a longtemps été sous le joug du dictateur Omar al-Bashir (1989-2019). Il a pris le pouvoir après le coup d'État du 30 juin 1989, mené par le Front national islamique et son leader Hassan al-Tourabi (parti très minoritaire).
En 2003, la Guerre du Darfour a éclaté et n'a jamais cessé depuis à l'Ouest du Soudan. Des groupes se sont opposés au dictateur (SLA, MJE...). Dès lors, Omar al-Bashir a soutenu les milices Janjawid. Il a donc joué sur les divisions locales et la négrophobie pour garder le pouvoir. La Guerre au Darfour a valu un mandat d'arrêt à Omar al-Bashir pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide de la Cour pénale internationale en 2009. Il a perpétré ses crimes sur les four, les massalit et les zaghaw, au service d'un discours négrophobe.
À la suite d'un autre long conflit, le Soudan du Sud a pris son indépendance le 15 janvier 2011, un État majoritairement chrétien et animiste. Omar al-Bashir ne voulait pas l'indépendance d'un territoire riche en hydrocarbures, mais s'y est résolu lors des accords de 2005.
En 2018, Omar al-Bashir a appliqué l'austérité imposée par le Fonds monétaire international. Cela a fait exploser une colère existante depuis longtemps. Omar al-Bashir a été destitué le 11 avril 2019 par les manifestants et certains de ses alliés. Un Conseil de souveraineté a ainsi été mis en place pour une transition démocratique avec des militaires et des civils.
Le 25 octobre 2021, les militaires ont fait un coup d'État pour exclure les civils, notamment par opposition à un État laïc et civil. Puis ces mêmes militaires sont entrés en guerre pour le pouvoir. Deux militaires luttent depuis pour le pouvoir. Il y a le général Abdel Fattah Al-Bourhane, chef des Forces armées du Soudan (FAS, armée régulière). Et il y a les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohammed Hamdan Daglo, « Hemetti » (n°2 de la junte), groupe héritier des Janjawid.
En outre, les États varient leurs soutiens en fonction de leurs intérêts. Il est possible de citer les Emirats arabes unis et le Tchad du côté des Forces de soutien rapide. À l'inverse, l'Égypte, l'Iran et la Turquie sont du côté des Forces armées du Soudan. Tandis que la Russie soutient certes les Forces de soutien rapide avec Wagner, mais cela varie tout de même.
Il existe un embargo voté par le Conseil de sécurité des Nations unies (résolutions 1556, 1591) depuis la guerre au Darfour en 2004. Cet embargo est sans cesse violé par les pays impliqués avec des armes horriblement sophistiquées. En dépit de l'embargo de l'UE sur les armes au Soudan, la France vend des équipements militaires aux Emirats arabes unis, utilisés par les FSR. Cela met cruellement en évidence l'absence de contrôle du marché de l'armement face à l'impuissance de l'ONU et l'Union africaine.
En France, les députées LFI Nadège Abomangoli et Sophia Chikirou alertent depuis longtemps sur le conflit, les ingérences étrangères et les ventes d'armes au Soudan.
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