top of page

Trump, la grâce d'un baron de la drogue libertarien, un prohibitionnisme hypocrite

Photo du rédacteur: contrediremediacontrediremedia

Trump gracie le baron international de la drogue Ross Ulbricht, condamné à la prison à vie pour "trafic de stupéfiants et opérations commerciales illégales".


L'extrême droite trumpiste mène une politique prohibitionniste hypocrite et raciste, en fonction de ses intérêts, épargnant ses amis criminels.


Ross Ulbricht est le créateur de la plateforme Silk road, source du crime organisé, mettant en vente des armes, des drogues, des faux papiers, des services de tueurs à gage. Il faut l'action conjuguée du FBI et du DEA, afin d'amener à son arrestation et sa condamnation en 2015 à la prison à vie. Il accumule les condamnations : blanchiment d'argent, trafic de stupéfiants, entreprise criminelle et piratage informatique... C'est un des plus importants criminels condamnés aux USA ces dernières années que Trump gracie. C'est grâce au lobbying des libertariens, dont Musk est un grand soutien, que cette grâce a pu advenir. Certains libertariens veulent une libération totale du marché de toute entrave, jusqu'à la vente d'organes. Les libertariens pensent donc que Ross Ulbricht était dans le cadre de sa liberté économique, comme en témoigne les manifestations du Parti libertarien.


La lutte contre le trafic de drogue de Trump prend donc une dimension éminemment raciale. Il gracie les criminels blancs, mais il exige en même temps la fin des trafics de drogue au Mexique, la peine de mort de ses dealers et la classification des cartels de drogue mexicains comme organisations terroristes. Ce n'est pas une nouveauté cette "guerre contre la drogue" raciale de Trump. Aux USA, les drogues consommées par les personnes racisées ont été prohibées, tandis que les blancs étaient soigneusement épargnés. Cela a mené à l'incarnation massive d'une population racisée.


Selon les circonstances, la drogue c'est bien ou mal. Au XIXe siècle, le commerce de la drogue a été au service d'une véritable entreprise coloniale des États-Unis, alliés à la France et au Royaume-Uni. Ces États ont utilisé le commerce de l'opium pour imposer leur suprématie à la dynastie chinoise Qing. Cela a conduit à de véritables guerres de l'opium. Ainsi, le Traité de Tien-Tsin (1858) a sonné comme une humiliation de l'Empire chinois, l'opium a été commercialisé, le pays a commencé à être dépecé. En 1901, l'inégalitaire protocole de paix Boxer est l'un des nombreux traités inégaux au détriment de la Chine, cédé à l'Alliance des huit nations (Empire austro-hongrois, République française, Empire allemand, royaume d'Italie, empire du Japon, empire de Russie, Royaume-Uni et États-Unis). Face au danger évident de la consommation de l'opium, les États-Unis ont rétorqué par la supériorité du principe de libre échange, et l'ont imposé même de force à la Chine. Dans la deuxième partie du XXe siècle, la prohibition de l'opium est instrumentalisée afin de cibler la communauté chinoise étasunienne, pourtant davantage pris comme des médicaments que pour un usage récréatif. Les autorités ne feront aucune différence concernant l'interdiction des médicaments.


In fine, le combat des libertariens au profit de l'impunité de Ross Ulbricht se conjugue à une défense jusqu'au boutiste des libertés économiques, au fondement de tant de dérives historiques et hypocrites des États-Unis. Il est certain que cette liberté invoquée est destinée aux blancs, pas aux mexicains par exemple.


Le système international de contrôle des drogues s'est construit dans cette perspective. Des hommes blancs se sont réunis dans des conférences, s'abreuvant d'alcool et de tabac, puis ils ont tranché que tout ce qu'ils consommaient devait être autorisé. Ce qui n'était évidemment pas le cas des plantes des populations racisées. Cela s'apparentait fréquemment à une profonde méconnaissance des cultures non blanches, considérant de la même manière un usage récréatif et des traditions médicinales, spirituelles. Toutefois, la "culture européenne du vin" proscrivait toute remise en question de l'alcool, ce n'est pas sans raison qu'il y a pu avoir des campagnes d'informations vantant les vertus de cet autre drogue. En France, il faut attendre une circulaire d’août 1956 afin d'interdire l’alcool à la cantine pour les moins de 14 ans, et même 1981 pour les lycées. Une grille imprégnée par des idéologies raciales a façonné la lutte contre la drogue en Occident.


L’ancien conseiller aux affaires internes du président Nixon, Ehrlichman, dit en 1994 : "Deux ennemis s’opposaient à la campagne de Nixon en 1968, et à son gouvernement par la suite : la gauche qui s’opposait à la guerre et la population noire... Nous savions qu’il était impossible de rendre illégal le fait d’être contre la guerre ou noir, mais en cherchant à influencer le public pour qu’il associe les hippies avec le cannabis et les noirs avec l’héroïne...puis en criminalisant fortement ces deux substances, nous pouvions déstabiliser ces deux communautés. Nous pouvions arrêter leurs meneurs, perquisitionner leurs maisons, interrompre leurs rassemblements, et décrédibiliser leurs causes soir après soir lors du journal télévisé. Est-ce qu’on savait qu’on mentait à propos des drogues ? Bien sûr qu’on le savait".


Ce conseiller a eu une stratégie tragiquement efficace. Cela permet que l'incarcération de la population racisée soit cinq fois plus élevée que la population blanche, en raison des crimes liés à la drogue.


Comme Nixon avant lui, Trump compte instrumentaliser la lutte contre la drogue, afin d'en faire une arme raciste. Il ne se cache même pas, il gracie même un baron international de la drogue blanc et libertarien.


La France a toujours mené des politiques avec un angle racial, l'organisation de son territoire a été influencée par des géographes pétainistes comme Gravier (cité par Bayrou). Dès lors, les Retailleau, Ciotti, Darmanin, Philippe, Macron... veulent la même "guerre contre la drogue" que Trump, ce Trump qu'il aime tant.


La rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à la santé, Tlaleng Mofokeng, explique la dimension raciste de la lutte contre la drogue en Occident. Il faut revoir d'urgence les approches répressives, actuellement facteurs de stigmatisation et d'inégalités, réinterroger la réalité universelle et historique de l’usage de drogues.


Le rapport mondial sur les drogues (2024) de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime reconfirme encore et encore l’échec de la guerre contre la drogue. Le marché illégal prospère sans cesse, et cela peu importe les milliards investis dans la répression. Tandis que la sensibilisation et la prévention sont des chantiers largement délaissés.


 
 
 

Comments


Post: X
  • Facebook
bottom of page