Macron restaure la "France' de la Manif pour tous, des thérapies de conversion, de la haine des LGBTQ+ et du racisme assumé.
C'est celle de Bruno Retailleau qui utilise le vocabulaire des pires théories raciales, Laurence Garnier qui aspire au retour en force des thérapies de conversion. En d'autres termes, c'est celle des plus réas de LR qui moquent le Front républicain et épousent les thèses du RN.
Macron a toujours été un opportuniste sur les droits fondamentaux. Sa seule obsession est une économie néolibérale, le reste lui paraît sans intérêt. Selon ce qui lui permet d'avoir le pouvoir, ses positions changent au gré des moments, comme sur la Manif pour tous.
En 2017, Macron juge que la France de la Manif pour tous a été "humiliée". Il fait aussi les éloges de De Villier et Zemmour : "... j'admire l'entrepreneur culturel. Je suis également en désaccord avec Zemmour. Mais ce sont des gens avec qui je parle". Qu'est-ce que Macron admire dans la culture prônée par De Villier ? Il porte une vision réactionnaire fondée sur la théorie du grand remplacement et le rejet de l'Histoire de la République. En effet, Le Puy de Fou s'inscrit dans une conception historique puisée dans la Contre-révolution réactionnaire du XIXe siècle, tel Drieu la Rochelle. Ces personnes ont combattu la République, que cette dernière soit libérale ou sociale. Au moment de cet éloge, De Villiers dirige le Mouvement pour la France, qui est ouvertement d'extrême droite, monarchiste et défend une immonde remigration. Néanmoins, Macron disait bien que la France "manque d'un roi", il rejoint a minima sur ce point De Villiers. In fine, il admire un homme qui fait de l'argent, peu importe de quelle manière, les conséquences... Tandis que Zemmour est la figure médiatique de la théorie du grand remplacement, un condamné pour haine raciale qui réhabilite Pétain.
Macron admire celles et ceux qui sont de droite en matière économique, de De Villier au condamné pour haine raciale Zemmour. Plus le temps avance, plus on comprend ce que Macron sous-entendait par "des gens avec qui je parle". On constate les dîners entre la macronie et le RN, le rapprochement sinueux et pas toujours fermement dit en public.
Dès lors, les droits des LGBTQ+, des femmes, des personnes racisées, en situation de handicap, de tous ces opprimé(e)s, ne sont que des variables d'ajustement du macronisme. Macron n'a pas de repères idéologiques à ce sujet, même s'il a clairement des préjugés ancrés. Cela varie donc selon ses soutiens du moment. Des macronistes se retrouvent à défendre tout et leur inverse, afin de suivre Macron l'arriviste. Braun-Pivet proclame en 2018 le "danger" de la constitutionnalisation de l'IVG, un droit qui peut être remis en cause, puis sous la pression, elle dit tout l'inverse début 2024. Quelques mois plus tard, le macronisme veut impulser au pouvoir des opposants à la constitutionnalisation de l'IVG. Il préfère cela à un gouvernement de gauche, dont la FI Panot qui a proposé la constitutionnalisation de l'IVG dès 2018 et dirigé les travaux à l'assemblée.
Un jour, Macron est le plus grand des défenseurs des droits LGBTQ+ dans ses discours. Le lendemain, Macron fait campagne en assumant ouvertement d'être transphobe aux élections législatives. Or, les discriminations fondées sur l'identité de genre sont un délit, tout cela n'est pas un jeu, des personnes en souffrent. Il faut dire que les va-et-vient de Macron sur la considération des "minorités" finissent par provoquer des fuites. Ainsi, les opposants les plus visibles à la loi immigration, façonnée par l'idéologie du RN et votée par la macronie, ont été purgés, notamment l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale Legendre ou Dordain. Celles et ceux qui ont poussé les droits des minorités au cœur du macronisme, qui ont permis le vote de la PMA pour toutes (la macronie excluant les personnes trans avec des interventions horribles), se sont éloignés. Ces personnes paraissent souvent reléguées au second plan, leur travail est récupéré par des personnalités plus en vues du macronisme, des élus, des collaborateurs, des conseillers, des individus de l'ombre qui essayaient d'éviter un destin commun auprès de l'extrême droite. Pourtant, leur écartement se fait ressentir dans l'évolution du macronisme, mais ils faisaient évidemment cela dans le cadre d'une économie néolibérale oppressive. Cette extrême droitisation du macronisme pousse Prisca Thevenot à se dire depuis toujours de "l'aile gauche du macronisme". La disparition des élus macronistes les moins problématiques sur les droits des minorités permet ainsi à Thévenot de prononcer ces mots insensés.
En réalité, la pensée immédiate de Macron est tournée exclusivement vers les dominants, de cet ordre en place fortificateur des priviléges de sa classe sociale. De sorte qu'il ne lui vient en tête que cette "France de la manif pour tous humiliée" est celle de siècles de violences contre les personnes LGBTQ+, d'enfants exclus de leur famille, si ce n'est pas tabassé, véritablement humilié pour avoir oser aimer, si ce n'est pas morts pour avoir ressenti des sentiments, tout ce sang versée au nom de leur suprématie sur la société. Revendiquer l'égalité, dire à ces dominants que les LGBTQ+ ont des droits, méritent de vivre, serait une humiliation pour Macron ?
Macron se fait le garant de l'État de droit face au RN. Son mépris des libertés publiques est certes édifiant. Mais la nomination d'un opposant à la Cour européenne des droits de l'H. comme Barnier, avec l'accord de Le Pen, atteint presque un paroxysme de mensonge. Les alliés de Macron en Espagne, Pays-Bas ont fini par diriger avec les amis de Le Pen. Macron s'est déjà allié avec des partis d'extrême droite au Parlement européen. Ce macronisme dérivant est prêt à aller jusqu'où dans ses contradictions pour se maintenir au pouvoir ?
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