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Einstein, Arendt, tant ont alerté sur la doctrine fasciste des futurs fondateurs du Likoud

Lettre au New York Times d'Einstein, Arendt, d'autres universitaires le 2 décembre 1948 sur Menahem Begin (Premier ministre israélien 77-83) et les futurs fondateurs du Likoud, qui "prêchaient la doctrine de l’État fasciste". Ils ont alerté le monde sur le danger inhérent de ce qui émergeait en Israël en force politique, issue des liens fascistes d'Irgoun, du Lehi.


Begin a été un fondateur de l'Hérout en 48, ancêtre du Likoud, puisant dans la vision du fasciste Jobotinsky. Il a fondé ce parti avec le mentor de Nétanyahu, Yitzhak Shamir, figure du groupe fasciste Lehi, ayant souhaité des rapprochements avec l'Allemagne nazie en 1941. En 1948, Einstein, Arendt commente les tentatives de Begin de structurer une force politique : "un parti politique qui ressemble beaucoup, dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et ses prétentions sociales, aux partis politiques nazis et fascistes". Ces antifascistes convaincus, ayant vécu dans leur chair le nazisme, perpétuent ainsi sur les soutiens à Begin : "inconcevable pour ceux qui luttent contre le fascisme à travers le monde... informés sur le passé politique de M. Begin et ses ambitions".


Est-ce que certains qui se revendiquent de la lutte contre le fascisme, dit à gauche, pourtant conciliants depuis si longtemps avec le Likoud, pourraient entendre ces mots graves d'Einstein et Arendt ? Ces derniers parlent bien de fascisme sur les fondateurs du Likoud. Les universitaires affirment que si les USA montrent du soutien à ce groupe politique émergeant (futur Likoud), ce seraient des "dommages irréparables". Mort en 55, Einstein ne verra pas les USA soutenir l'apartheid israélien, imaginé par le Likoud. Ni Einstein ni Arendt ne se bercent d'illusions sur ce que Begin, les pionniers du Likoud en devenir, disent : "ils parlent de liberté, de démocratie et d'anti-impérialisme, alors que, jusqu’il y a peu, ils prêchaient ouvertement la doctrine de l’État fasciste".


Les signataires se font incisifs concernant les figures émergentes de ce que sera le Likoud : "C’est à la lumière de ses actions passées, que nous pouvons juger ce qu’on peut s'attendre qu’il fasse dans le futur". Ils se font l'écho du massacre perpétré par ceux qui forment en 77 le Likoud : "Un exemple choquant a été donné par ce qu’ils ont fait contre le village arabe de Deir Yassin". Ils décrivent l'horreur : "ce paisible village... en rien un objectif militaire... ils ont tué la plupart de ses habitants... des enfants.. en ont gardé quelques-uns en vie, afin de les faire parader, en tant que prisonniers, dans les rues de Jérusalem". Tel un rappel des propos messianiques et dérangeants de Nétanyahu, Einstein, Arendt décrivent le corpus idéologique des fondateurs du futur Likoud : "ils prêchent un mélange d'ultra-nationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale". La supériorité raciale évoquée par Arendt, Einstein s'illustre par la loi constitutionnelle État-nation de 2018 : un droit d'apartheid entre Israéliens arabes et juifs, Israéliens et Palestiniens. Elle consacre la colonisation, un droit immobilier rétroactif et relègue l'arabe.


Le Likoud, l'extrême droite sont d'une certaine clarté, tel le ministre Zohar : "qu’il soit ici comme résident, puisqu’il est né ici et qu’il vit ici... Je suis désolé de le dire mais ils ont un inconvénient majeur – pas nés en tant que Juifs”. Un statut de sous-citoyen. La déshumanisation systémique opérée par le Likoud de Nétanyahu est aussi une autre illustration de ce suprématisme racial. Begin compare en 1988 les Palestiniens à des sauterelles à écraser, référence ignoble aux plaies d'Égypte. Nétanyahu perpétue cette animalisation.


Les signataires rappellent la violence de ces groupes ancêtres de ce qui est actuellement le Likoud : "les groupes Igourn et STERN (Lehi) ont inauguré le règne de la terreur au sein de la Communauté juive de Palestine". Ils témoignent de la violence de l'extrême droite israélienne, le Likoud de nos jours : "Des enseignants ont été battus parce qu’ils ont parlé contre eux, et des adultes ont été abattus parce qu’ils n’ont pas autorisé leurs enfants à les rejoindre". Ils proclament : "la marque indiscutable d'un parti fasciste pour lequel le terrorisme, contre les Juifs, Arabes... et la falsification sont les moyens, et “l’État Dominant”, le but. C'est bien le fascisme l'héritage du Likoud.


L'appel final d'Einstein, Arendt et les autres n'a pas été écouté : "il est impératif que la vérité, au sujet de Mr Begin et de son mouvement, soit connue dans ce pays. Il n'y a rien de plus tragique" et "ne pas soutenir cette manifestation de fascisme".


Des décennies plus tard, en 2018, l'illustre historien Israëlien Sternhell, survivant de la Shoah, constate les conséquences des années au pouvoir de ceux qu'Einstein, Arendt avaient dénoncés en 48. Il aborde un "fascisme israélien", "racisme proche du début du nazisme". L'historien Israélien Sternhell décrit les objectifs de l'extrême droite israélienne fasciste concernant les Palestiniens : "priver de leurs droits humains fondamentaux, tels que l’autonomie dans leur propre État et la liberté face à l’oppression, ou l’égalité des droits". Il ajoute : "comment les historiens interpréteront notre période.. se demanderont-ils, les Israéliens ont-ils commencé à réaliser que l’État.. établi... sur les ruines de la communauté juive européenne... était devenu une véritable monstruosité pour ses habitants non-juifs". Il se désole de cette gauche Israélienne qui n'a pas survécu à la mort de Rabin : "la gauche n’a pas protesté contre dans ses manifestations du boulevard, elle a servi de premier clou du cercueil".


48, 2018, 2023. Tant d'universitaires Israéliens et internationaux, certains survivants du pire, ont alerté sur l'avènement d'une folie en Israël. Einstein, Arendt, Sternhell ont été ignorés par une part de la communauté internationale, de la classe politique française.


Sternhell a bien compris l'hypocrisie occidentale : "Les dirigeants européens, qui n’ont que le mot “démocratie” à la bouche partagent cette inconscience. Il est vrai qu’eux-mêmes, ne se conduisent pas tellement mieux, ici-bas, vis-à-vis de ceux qu’on appelle “les migrants".


Par Antoine Trupiano Remille

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