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CRIF : triomphe des réactionnaires sur Klein

Le CRIF a été agité par des idéologies, des positions, dire l'inverse est hypocrite.


Cela a pu être la vision pacifiste du résistant Théo Klein, qui quitte le CRIF en désaccord avec son évolution à l'extrême droite en 2011, dont Kalifat puis Arfi ont été les représentants. Klein avait raison de critiquer l'évolution du CRIF, cette démarche paraît salutaire.


Le CRIF est une organisation parmi d'autres qui dit assurer la représentation des personnes de confession juive. En termes de chiffre, le CRIF ne représente pas la majorité des individus de confession juive. Aller au CRIF est un choix d'en faire une organisation plus importante que les autres.


Si demain, le courageux porte-parole de Tsedek Simon Assoun et ses proches sont à la tête du CRIF, cette organisation serait autant empreinte d'idéologie qu'avec à sa direction Yonathan Arfi. Il faut arrêter de voir dans le CRIF un groupe apolitique, qui lutte juste contre l'antisémitisme. Le CRIF a eu plusieurs visions idéologiques en fonction des périodes.


Au regard de l'Histoire, il ne fait pas sens de dire que le conflit israélo-palestinien ne doit pas être importé ici. Jamais le CRIF n'a écrit ce n'est pas notre sujet, nous nous occupons de l'antisémitisme en France. Depuis des décennies, le CRIF tient à prendre position. Le conflit israélo-palestinien a été ainsi un sujet majeur dans les prises de position du CRIF depuis des décennies. C'est indéniable de le dire. La position n'a pas été toujours celle qui domine aujourd'hui, qui s'oppose presque à la reconnaissance de la Palestine.


Théo Klein a été une des grandes figures du CRIF, un de ses fondateurs, et a fini par en devenir le président en 1983. Klein a été un défenseur d'Israël. Il parle en 1988 : "mon attachement à cette petite parcelle du Proche-Orient". Il précise "que nous appelons Eretz Israël et qu'il appelait Palestine". Il prend progressivement conscience que ce territoire du Proche-Orient s'appelle à la fois Israël pour les uns et Palestine pour les autres.

Il s'impose la paix et pour lui cette "paix passe par l'acceptation d'un État Palestinien".


Il a eu des espoirs, et des espoirs, et des espoirs, encore et encore sur la classe politique israélienne, même la droite et l'extrême droite. Il a cultivé les excuses trouvées aux politiciens israéliens afin de se refuser à la paix, jusqu'à ce qu'il ait de moins en moins d'imagination pour justifier la faiblesse des initiatives. Personne ne voulait la paix du côté Israélien. Le PM Rabin en est mort, puis trahi par Pères rejoignant le camp de son "assassin" Netanyahu, l'ex-ministre Aloni menacé et l'ancien président de la Knesset Burg ostracisé du Parti travailliste.


Klein incarne une des dernières paroles d'ouverture au CRIF à des personnalités Palestiniennes, au rythme de l'influence montante de l'idéologie fasciste de Netanyahu qui imprègne toute la politique israélienne. Il discute auprès de l'illustre ambassadrice Leila Shahid, le diplomate Elias Sanbar... Les interlocutrices et interlocuteurs ont déchanté, Klein se posait comme un des nombreux qui prônait la paix en France et en Israël, il en constituait une tragique exception.


Aussitôt Rabin mort, le Parti travailliste de "Peres a aussi contribué à tuer le camp de la paix", le CRIF n'a pas réagi, assumant un soutien inconditionnel. L'ancienne grande figure du CRIF portait la paix et la coexistence des peuples, le CRIF enterrait toutes ses espérances, en approuvant systématiquement Israël. La vision de Klein subit une si discrète déchéance.


Klein demeure fidèle d'une certaine manière à Israël, à son rêve sioniste. Les historiens éclairent incontestablement sur le fondement colonial d'Israël, cette Nakba qui a permis sa création. Tel un Martin Buber, il critique les conséquences, en adhérant au projet...


Théo Klein paraît être un pionnier, il devient vice-président de 1970 à 1973, président de 1983 à 1989, ainsi que président du Congrès juif européen. Il quitte le CRIF en 2011 face à une transformation à l'extrême droite qu'il ne supporte plus. Il s'oppose à la percée inexorable du philosophe de la haine Alain Finkielkraut, exprimant une hostilité aux personnes racisées, particulièrement de confession musulmane.


Bourdieu vise ces "sous philosophes qui ont pour toute compétence de vagues lectures, de vagues textes, des gens comme Alain Finkielkraut". Les grands intellectuels du XXe siècle, tels Bourdieu et Klein, ont livré un combat politique, social, voire moral, envers l'ascension des figures à la Finkielkraut. L'avocat a perdu la bataille politique au CRIF. Finkielkraut, Goldnadel, Habib ont vaincu l'éminent Klein.


L'intellectuel récuse toute compromission à l'extrême droite française, à sa haine, il en a connu l'Histoire, même sur cela, il échoue. La difficulté d'Arfi, du CRIF a passé le pas d'un mariage avec le RN désespère Goldnadel, ces ultimes restes de l'héritage de Klein.


Un jour, le CRIF, et cela se profile, va inviter le RN à son célèbre dîner, après avoir déjà entrepris la démarche avec les plus racistes de LR. Ce sera le reniement final de Klein, créateur de cet événement évidemment politique en 1985. Le triomphe de l'extrême droite, des Finkielkraut, des Goldnadel, des Habib, est tel au CRIF, qu'échanger avec Klein inspirait le courage.


Klein l'admet affligé et de ce surprenant espoir qui n'est jamais parti : "Certains tournent la tête quand ils me voient. Mais il y en a d’autres qui me disent merci (pas toujours à haute voix)".


Rabin a été tué en 1995. Shulamit Aloni décédé en 2014. En 2020, Théo Klein est emporté par la seule paix possible dès le premier mois, plus tard, Sternhell, le dernier des grands du camp de la paix israélien, part à son tour. Tout le monde est mort. Sternhell seul ose avant son trépas de revenir sur ce fascisme ignoré à la fondation d'Israël, amenant l'avènement d'un "début de nazisme", le tombeau d'une démocratie.


Plein de contradictions, de paradoxes, le camp de la paix de Klein a participé à entretenir des chimères aux Palestiniens. L'ex-président de la Knesset et soutien de Rabin, Burg, perçoit l'explosion des Palestiniens comme un "moyen de se laver" de la violence coloniale, des mensonges.


Des siècles avant, confronté à la Nakba, c'est ce que prédisait déjà le ministre et rédacteur de l'indépendance Zisling à Ben Gourion et le jeune État d'Israël. Les Palestiniens "se laveront" de toute cette violence innommable dans le sang.


Les disciples de Klein, comme Patrick Klugman, glorifient un "ami", un "maître", sans en reprendre la suite... Il convient de saluer l'héritage de Klein, que les directions successives du CRIF ont pourtant largement renié.


Le CRIF de Kalifat et Arfi qui exalte la décision de l'extrême droite de Trump de considérer Jérusalem comme la capitale d'Israël, au service de l'extrême droite de Netanyahu, ne semble pas être le CRIF de Théo Klein. La reconnaissance de la Palestine est un propos sans fond, aux contours de plus en plus flous au CRIF, le dire n'engage pas à le faire.


Porté par l'ex-Betar (mouvement fondé sous la protection de Mussolini) Kalifat, cette évolution extrême droitière du CRIF devrait malgré tout se réaliser en silence, sans une contestation.


Pour toute personne qui tient un tant soit peu à l'héritage de Klein, à la paix, la coexistence des peuples au Proche-Orient, critiquer le CRIF est salutaire.

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