Afin de comprendre ce que Harris est, il faut s'intéresser à ce que représente le Parti démocrate dans son Histoire politique.
Le Parti démocrate s'est créé à la gauche de la sphère politique au début du XIXe siècle, notamment avec un électorat issu des campagnes, plutôt du Sud. Ce qui orientera sa défense de l'esclavage, ainsi pratiquée au Sud. Son opposant direct à droite est le Whig, libéral économiquement et favorable à l'esclavage. Historiquement, la gauche était plutôt favorable à l'autonomie des États fédéraux dans une optique démocratique, et la droite favorable à un Etat fédéral fort. Aujourd'hui c'est différent, d'où la complexité de ce qu'on aborde.
Le Parti républicain se fonde au milieu du même siècle, issu d'une scission entre les anti-esclavagistes des deux grands partis, mais divisé sur des positions économiques de gauche ou de droite. Sur certains sujets, notamment les banques, Lincoln apparaît donc plutôt éloigné des positions actuelles des libéraux. Pourtant, majoritairement, ce sont des libéraux économiquement qui triomphent, puisque le Whig s'effondre. Cela ne constitue pas le destin d'un Parti démocrate qui incarne une gauche/centre gauche en mutation, à la suite de l'abolition de l'esclavage par Lincoln. Il est fort à parier que le Parti démocrate aurait sombré tel le Whig sans ce changement profond de ce qu'il était.
Exception faite du réformisme de Théodore Roosevelt, jusqu'aux années 30, le Parti républicain sous l'impulsion du Président Harding et d'autres prend un tournant de plus en plus conservateur, soutenant même la ségrégation, à l'opposé des valeurs proclamées à sa fondation. Le Parti démocrate se différencie simplement sur une position plus internationaliste et moins isolationniste, mais sinon c'est semblable. Les démocrates du Sud ont même fait barrière aux législations sur les droits civiques du républicain Coolidge.
Roosevelt change radicalement le Parti démocrate, en enclenchant un tournant majeur à gauche. Cela change jusqu'à la société étasunienne. L'électorat du Parti démocrate se modifie légèrement en commençant à se déplacer au Nord, mais demeure fort au Sud. Première femme au gouvernement et proche des mouvements syndicaux, socialiste, l'avocate en droit du travail Perkins prend la tête des grandes réformes sociales.
L'après-guerre reste sous l'impulsion pris à gauche de Roosevelt, quoique un affaiblissement de la politique sociale semble se profiler, sans parler d'une chasse aux communistes. Le Parti met l'accent sur la déségrégation, notamment Kennedy et Johnson avec le Right civil act. Tandis que le Parti républicain garde le même cap politique, droite libérale économiquement, telles les présidences de Eisenhower et Nixon. Il appuie sur l'exacerbation du racisme au Sud, afin de voler l'électorat du Parti démocrate. Le succès de cette démarche devient inquiétant.
Sous la présidence Carter, le Parti démocrate tangue un peu à droite. Les démocrates ont rompu avec un Martin Luther King sous surveillance des renseignements. Depuis son assassinat, il tente de vivre sur son héritage quand-même. Il y a aussi de très fortes tensions entre Carter et l'aile gauche (Humphrey, McGover, Sanders, Ted Kennedy...ect). Fort heureusement, Carter tient une politique internationale favorable aux droits de l'Homme et à la coopération, ce qui est rare de la part des USA, et cette démarche calme relativement l'aile gauche du Parti démocrate.
Dans les années 80, Reagan a enclenché ce qu'on a appelé la révolution conservatrice aux USA et le tournant mondial néolibéral. L'aile droite du Parti démocrate en profite alors pour prendre durablement le pouvoir au Parti démocrate. Plus aucune cohabitation n'est admise auprès de l'aile gauche. Dès lors, c'est une purge de l'aile gauche, encouragée par un contexte mondial mauvais pour la gauche.
La présidence Clinton est une prise en main de l'aile droite du Parti démocrate. L'aile gauche est en minorité et assiste à la politique la plus à droite jamais faite par le Parti démocrate. L'électorat démocrate se déplace davantage au Nord des USA. L'aile droite appuie sur la défense des droits des minorités pour garder un lien avec les classes populaires, une défense souvent hypocrite. Les plus à droite se réunissent derrière les Nouveaux démocrates. De sorte que l'aile droite accuse l'aile gauche de faire perdre les élections contre Bush. Ce qui est faux. C'est les candidats de l'aile droite qui perdent, comme le faux progressiste John Kerry, mais soit. Par ailleurs, Biden soutiendra Bush à de nombreuses reprises, comme beaucoup de droitistes démocrates.
Lueur d'espoir, Obama réussit à terrasser Hillary Clinton aux primaires démocrates, ce dernier conserve de forts liens avec les Nouveaux démocrates. Si bien que l'aile gauche demeure sceptique, Sanders soutiendra avec réserve Obama, et cela par opposition aux Clinton. Obama est porté aux pouvoirs par un électorat divers et varié, du Sud comme du Nord. Notamment une grande partie de celui de Trump aujourd'hui. Cependant, la Présidence d'Obama ne fait pas d'étincelles, hormis quelques timides réformes sociales. Il n'a certes pas la majorité au Congrès, mais il ne prend aucun risque. Il faut considérer que les réactionnaires démocrates ont pourri son dernier mandat. Somme toute, l'espoir a déçu une partie de son électorat, qui se déporte de plus en plus au Parti républicain, notamment l'électorat du Sud (même si on voit se dessiner un clivage grandes villes/provinces plutôt). C'est un choix de colère, car le Parti républicain se moque en réalité des pauvres. Certes, Obama a été plus à gauche que ses prédécesseurs, mais ce n'est pas une politique de gauche. Il donnera tout aux entreprises et aux banques avec la crise des subprimes de 2008. Si en plus d'être une personne racisée, il aurait été vraiment de gauche, il serait sûrement mort en soi, comme Martin Luther King.
Il est le temps de Trump. Obama humilie le millionnaire dans un dîner des élites, des bourgeois, car Trump faisait des remarques racistes dans son dos. Ce mégalomane se présente en conséquence aux prochaines élections. Il n'a ni convictions ni idées, arriviste depuis toujours et ayant bien profité des cadeaux de Obama en 2008 en tant que membre de la classe dominante. Il se fait le porte-étendard du Parti républicain, en essayant de concilier les religieux conservateurs, les suprématistes blancs, les néolibéraux... ect. Il joue sur l'exacerbation des haines, et les USA ont de la haine à revendre avec des inégalités ignobles. Cette haine va contre les minorités, comme souvent avec la stratégie du Parti républicain. Trump se croit tout permis tel le privilégié qu'il est. Clinton perd, car l'aile de gauche du Parti démocrate la déteste trop, et les primaires démocrates ont été truqué contre son adversaire Sanders, comme le révélera Assange.
En 2020, Biden l'emporte contre Sanders, pas par un vote d'adhésion, sinon Sanders l'aurait emporté. En effet, on se dit que les USA n'éliront pas un homme de gauche comme Sanders (propagé par les médias, fakes news sur Sanders aussi). De plus, Biden, c'est déjà moins pire. Sanders se résout à cela.
D'ailleurs en 2020, l'aile gauche du Parti démocrate mené par Sanders a fait une percée significative, mais pas majoritaire au Parti, fermement à droite.
En 2024, la purge de l'ère Clinton revient, accompagnée par l'AIPAC, il a été investi des millions et des millions d'euros contre des candidatures de gauche issues des classes populaires, comme Cory Bush ou Jamaal Bowman. Comment certains osent dire que le problème serait que l'ancienne du Parti démocrate Stein refuse comme Sanders de soutenir ses calomniateurs et ceux de ses alliés ? Stein réunit un électorat qui vomit le Parti démocrate.
Kamala Harris a misé sur des alliances avec ceux qui ont créé le monstre Trump et ont vu la chose leur échapper. Il y a les membres de la funeste dynastie belliciste des Cheney, dont l'ancien vice-président de Bush, Dick Cheney. Ce sont tous ces républicains à la Bolton qui ont versé le sang dans le monde entier, déstabilisé sans problème la démocratie aux USA, attaqué les minorités. Certains glorifiaient Trump hier encore, et ils sortent donner des leçons au peuple. À quoi s'attendait Harris comme réponse ? Ce fut assurément que du rejet de ces tristes personnages.
Le sénateur du Vermont a fait un communiqué cinglant le soir de la défaite de la droite démocrate d'Harris, à qui il a tout donné, et cela malgré les insultes infâmes à son encontre.
Le Parti démocrate a toute une histoire changeante et fluctuante. Il est fracturé, divisé aujourd'hui, comme il y a quelques décennies finalement.
Toutefois, la gauche dans cette Histoire existe bien évidemment, or n'est ni Kamala Harris ni Biden les héritiers de Frances Perkins.
Comments